Charlotte Corday
Figure majeure de la ville de Caen, elle est passée à la postérité après avoir assassiné Marat dans sa baignoire le 13 juillet 1793.
La bibliothèque possède de nombreuses estampes la représentant, remontez le fil de l'histoire avec nous !
Aller plus loin...
Charlotte Corday, l’innocence
Une famille issue de la petite noblesse
Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont, plus communément appelée Charlotte Corday, nait le 27 juillet 1768 dans le département actuel de l’Orne, à Saint-Saturnin–des-Lignerits, non loin de Vimoutiers.
Son patronyme à particule ne trompe pas : elle appartient à la petite noblesse de Normandie. Entourée de son père Jacques-François de Corday, agriculteur, de sa mère Marie-Jacqueline de Gautier, de deux frères et de deux sœurs dont l’une meurt à l’âge huit ans, Charlotte vit une vie de petite fille classique en toute insouciance, à la ferme de Ronceray, repaire de la famille jusqu’en 1781, puis sur les domaines familiaux de Mesnil-Imbert, de Cauvigny et de Glatigny. Mais son père s’inquiète pour le devenir de sa famille : bien que faisant partie de la noblesse locale, le couple Corday est désargenté, la dot et les rentes liées au mariage ne sont que partiellement versées, et le père vit mal ce « système qui l’obligeait à vivre en gentilhomme avec les revenus d’un fermier ».[1]
Une éducation érudite et religieuse
Le quotidien de Charlotte est rythmé par son éducation domestique auprès de sa mère, et par son éducation érudite auprès de son père (qui lui laisse l’accès libre à sa bibliothèque personnelle) et de son oncle précepteur. Elle parfait ensuite sa connaissance de la culture classique de l’Antiquité, des philosophes des Lumières (Voltaire, Raynal) et des auteurs anglais (Milton) au collège de l’Abbaye dès ses quatorze ans. Son père élève ses deux filles à contre-courant des idéologies en vigueur, et souhaite pour elles un mariage d’amour. Progressiste avant l’heure, il remet en cause dans sa propre famille les inégalités entre les hommes et les femmes. Et quand vient l’heure de placer ses enfants, le choix est d’autant plus restreint que la bourse est réduite. Les deux fils partent faire une carrière militaire, la seule qu’ils peuvent s’offrir, tandis que les deux filles sont admises à l’Abbaye Royale de la Sainte-Trinité à Caen en tant que « pensionnaires extraordinaires » élevées aux frais de l’Etat, avec le soutien de Mme de Pontécoulant, une alliée de la famille. Parallèlement, le père quitte l’Orne, après le décès de sa femme morte en couches et s’installe dans une petite maison à Caen afin de préparer un procès contre sa belle-famille pour demander le paiement intégral de la dot et des rentes. Un procès long et coûteux qu’il finira par perdre en 1787.
Prise de conscience sociale
Pendant neuf ans, Charlotte et sa sœur Eléonore vivent au rythme de la vie de l’Abbaye.
Tout en continuant son apprentissage académique et religieux, Charlotte devient la secrétaire de Mme de Pontécoulant et prend en charge l’initiation des enfants de la paroisse à la dentelle. Elle se confronte ainsi à la vie rugueuse des campagnes dans les années 1788 et 1789 : famine, froid glaçant, misère et pillages viennent frapper à la porte de l’Abbaye. De plus, la région commence à s’agiter sur le plan politique (on tracte notamment avec le Roi pour plus de justice dans les Assemblées des Etats-Généraux), et après la Révolution et l’abolition des privilèges, il est décrété la fermeture et la suppression de tous les couvents. Charlotte est contrainte de quitter l’Abbaye en 1790 et retourne chez son père mais celui-ci est de plus en plus accablé par ses soucis financiers et impliqué dans la lutte contre les inégalités sociales. Elle part donc vivre à Caen chez une parente, Mme de Bretteville.