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Ctrl-X. suivi de Bois impériaux
Ctrl-X Une fenêtre s'ouvre. Une vidéo. Une pub. Un flash info. Le téléphone sonne. Adèle s'inquiète : « Tu as pris ton médoc ? » Laurent s'impatiente : « Tu veux que je remonte ? » Une fenêtre s'ouvre. Des photos de Pierre. Des interviews de Pierre. Des souvenirs de Pierre. Une fenêtre s'ouvre. Sur l'amour d'Ida. Sur sa mémoire. Sur ses pulsions. Sur ses obsessions. Sur un passé enfermé dans le présent d'un écran d'ordinateur. Le temps d'une nuit. Le temps d'une crise, ou peut-être d'une évasion. Ctrl-X interroge l'amour et l'impossibilité du deuil à travers une forme fragmentée où l'écran d'ordinateur tient lieu de fenêtre ouverte sur l'inconscient. Bois Impériaux Une voiture sur l'autoroute, au milieu de la nuit. À son bord, Irina et son frère Johannes. Irina conduit. Johannes s'agite. « On va où ? » « Elles sont où, les clopes ? » « J'ai chaud. » « J'ai froid. » « Tu m'emmènes pas dans un centre ? » « Tu jures ? » Irina acquiesce, tempère, rassure, un il sur la route et l'autre sur le tube de comprimés, dans son sac, aux pieds du siège passager. Alors qu'elle croit avoir perdu son chemin, elle rencontre Serge, gérant bavard d'une station-service isolée au plus noir de la forêt. Réécriture lointaine d'Hansel et Gretel, Bois Impériaux se pose à l'endroit de friction de deux lieux contradictoires : l'autoroute métrée, grise, stérile et la forêt infinie, noire, mythique. Au compteur, les kilomètres défilent, les minutes passent, la température baisse quasi imperceptiblement. Tout autour, s'étend la nuit, la nuit noire de la route, où l'on n'y voit qu'à profondeur de phares, où les panneaux jaillissent des ténèbres avec des noms bizarres et disparaissent aussitôt, emportant avec eux leurs légendes.