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La Côte des esclaves
Edité par Actes sud - 1990.
En 1766, Jens Adolf Kiöge débarque sur la côte guinéenne, soumet les populations noires et inaugure le commerce danois des esclaves. Moins d'un siècle après, le royaume de Danemark a déporté cent mille Africains aux Antilles. Tel est le dossier que Thorkild Hansen ouvre pour nous. Enquêteur attentif, il se rend sur place, explore les vestiges, donne la parole aux documents. Narrateur inspiré, il dresse le décor de la traite des hommes et fait revivre les circonstances de leur asservissement. Historien, il nous emporte dans un récit dont les archives inédites ordonnent la dramaturgie. "Nous possédions un fort en Afrique, et il s'y trouve encore", écrit Thorkild Hansen au seuil de son livre. Comme s'il tenait à rappeler que les faits sont ineffaçables, et quel tribut il entend consentir à la vérité. C'est d'ailleurs en quoi ce grand "roman documentaire" apporte une contribution sans pareille à l'histoire de l'inhumanisme.
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La place du Danemark dans le commerce triangulaire
La côte des esclaves est le premier tome d'une trilogie qui a valu à son auteur le prix de littérature du Conseil nordique. L’œuvre de Thorkild Hansen oscille entre les genres, ni vraiment documentaire, ni simplement roman, mais pleinement littéraire. Plus encore que dans La mort en Arabie ou Jens Munk, l'intrigue narrative de La côte des esclaves repose sur la reconstitution factuelle. Peu d'artifices narratifs, tout au plus un personnage anonyme, l'auteur lui-même peut-être, sert-il de lien en enquêtant sur les différents comptoirs danois de l'actuel Ghana. Thorkild Hansen expose les faits avec la rigueur et la minutie d'un historien, il sonde l'âme des hommes avec celles du romancier. Il dénonce le rôle du Danemark dans le commerce triangulaire et l'hypocrisie d'un pouvoir qui, tout en se faisant fort d'être le premier pays au monde à abolir le commerce des esclaves, n'en continua pas moins à s'enrichir grâce à l'esclavage.
Hervé S - Le 22 mars 2022 à 18:26