Zoom sur Frida Kahlo
Novembre 2019
Frida Kahlo
FRIDA KAHLO (1907-1954)
Dotée d'une personnalité haute en couleurs, la vie et l'oeuvre (qui échappe à toute tentative de classification) de Frida Kahlo sont indissociables de celles de son compagnon Diego Rivera, muraliste de renom.
Entrés ensemble dans la légende, ils figurent tous deux, au panthéon des artistes mexicains du XXe siècle.
Frida, très affaiblie, meurt à 47 ans en prononçant ses mots : "j'espère que la sortie sera (enfin) joyeuse !"
(source youtube)
Petite Frida
Anthony Browne/Kaléidoscope, 2019
Une fillette solitaire. Une amitié magique. Voici l'histoire vraie d'une rencontre : celle de Frida Kahlo avec l'amie imaginaire qui l'a accompagnée et inspirée toute sa vie.
À travers d'étonnants tableaux, Anthony Browne dresse un portrait très personnel de la petite Frida, avant qu'elle devienne l'une des artistes les plus célèbres au monde.
« Dans mes rêves, je volais. J'avais tellement envie de voler pour de vrai. J'y pensais sans cesse et, pour mon septième anniversaire, j'ai demandé un avion à mes parents. Je m'imaginais faire le tour du monde... ».
Retrouvez des pages documentaires sur la vie de l'artiste en fin d'ouvrage.
Anthony Browne est né en 1946 en Grande-Bretagne.
Déjà jeune garçon, il se passionne pour la peinture et le dessin qu'il pratique régulièrement en compagnie de son père.
Il entreprend naturellement des études d'arts graphiques au College of Art de Leeds, dont il sort diplômé en 1967. Mais la publicité, pour laquelle il a été formé, l'intéresse guère. Il se met à travailler le dessin du corps humain, comme pour exorciser la douleur de la mort soudaine de son père.
C'est ainsi qu'il devient assistant du dessinateur médical à l'Université de médecine de Manchester, qui produit des planches anatomiques. Cette activité lui permet de réunir son goût pour la peinture et sa fascination pour l'intérieur du corps humain, à l'instar de Frida Kahlo.
En 1976, il publie son premier livre. Parallèlement, il dessine des cartes de voeux. Cette nouvelle activité lui permet de vivre et de n'éditer que les livres qu'il trouve importants. Sin indépendance créative est ainsi préservée !
Habitant une vieille ferme dans le Kent, il est aujourd'hui un auteur-illustrateur réputé d'albums pour enfants . Ses livres sont traduits dans plus de 40 langues.
Autoportrait à la robe de velours
Frida Kahlo, huile sur toile,1926, collection privée
Frida a seulement 19 ans quand elle réalise cette toile. Il s'agit d'un autoportrait en buste. Le premier d'une longue série.
"Si je me peins, c'est parce que c'est le sujet que je connais le mieux."
Le contexte de création de ce tableau est singulier. La jeune Frida suit des études de médecine dans une prestigieuse école de Mexico. Elle ne se destine pas à une carrière artistique. Mais le 17 septembre 1925, sa vie bascule. Alors qu'elle prend le bus en compagnie de son petit-ami Alejandro Gomez, un accident d'une grande violence survient. Le bus, roule très vite, trop vite, et finit par percuter un tramway de plein fouet. Plusieurs personnes trouvent la mort. Frida, déjà fragilisée par la poliomyélite qu'elle avait contractée étant enfant, va subir des blessures si graves que les médecins doutent qu'elle puisse survivre. Mais la jeune femme s'accroche à la vie. Elle reste clouée au lit pendant de longs mois, portant un corset de plâtre pour maintenir sa colonne vertébrale. A partir de cette date, la vie de Frida sera un calvaire. Elle souffrira toute sa vie durant. Elle abandonne ses études pour devenir peintre.
"Ma peinture porte en elle le message de la douleur".
Pour échapper à l'ennui et la douleur, elle se met à peindre en autodidacte. Elle peint allongée. "Ma mère fit faire un chevalet par un menuisier, si l'on peut appeler ainsi l'appareil spécial que l'on pouvait fixer à mon lit, car le corset de plâtre ne me permettait pas de me dresser sur mon séant. Je commençai donc à peindre mon premier tableau". Le lit est recouvert d'un baldaquin sous lequel on place un miroir sur toute la longueur de sorte que Frida puisse se voir et se servir de modèle.
Description de l'autoportrait.
L'attitude est paisible, l'apparence sereine du visage est néanmoins trompeuse. Frida souffre le martyr physiquement et psychologiquement. La pose classique est ici largement inspirée des œuvres de la Renaissance que Frida a consulté abondamment pendant sa convalescence. Elle appelle d'ailleurs cette toile dans son journal intime, "mon Botticelli".
L'oeuvre possède, en effet, plusieurs points communs avec La Naissance de Vénus du peintre florentin : la main aux doigts effilés posée sur le sein et la mer dont les vagues stylisées s'enroulent à l'arrière-plan. Mais ici, contrairement à la déesse nue, Frida est vêtue d'une épaisse robe de velours. Le portrait dégage néanmoins une grande sensualité. Frida s’est représentée avec un grand décolleté, plutôt osé pour une femme de 19 ans à cette époque.
Le cou démesurément étiré rappellent les portraits d'un artiste contemporain que Frida appréciait tout particulièrement : Amedeo Modigliani.
Frida accentue déjà légèrement ses sourcils, qui deviendront sa signature. Elle reste pour autant très féminine. Si l'on observe la main dans la partie inférieure du tableau, Frida semble inviter le spectateur à la rejoindre. Elle trouve à travers cet autoportrait le moyen de réaffirmer une féminité mise à mal par l'accident ; d'autant plus qu'elle le dédie à son petit-ami, Alejandro Gomez. Suite à sa paralysie, ce dernier se détourne peu à peu d'elle. Cette toile a pour but de lui montrer à quel point elle tient encore à lui et à quel point elle l'aime.
Les couleurs employées à l'arrière-plan et au niveau du visage, sont très contrastées. L'arrière-plan, très foncé, fait ressortir la pâleur de sa peau et surtout de son visage. D'après le journal intime de Frida, le bleu symbolise, pour elle, la distance et l'amour. Le rouge renvoie au sang et à la souffrance. Les couleurs alors usitées par la peintre indiquent que la distance avec son grand amour la fait souffrir. Cet autoportrait est une forme de cadeau de rupture pour son ancien amant qui ne reviendra jamais. Elle se peint belle et mystérieuse, désormais inaccessible.
"Sa peinture révèle une extraordinaire force d'expression, une description précise et un réel sérieux…pour moi il était manifeste que cette jeune fille était une véritable artiste"… "Jamais auparavant une femme n'avait créé de poésie aussi déchirante sur la toile", Diego Rivera.