0 avis
Arise
Edité par La Baleine Distribution - P 2017
Certains entendront là une forme de maturité. Disons plutôt que la chanteuse Zara McFarlane prend, avec ce troisième album, une autre orientation. Sans doute initiée par la couleur actuelle d'une certaine garde du jazz britannique portée par la machine Brownswood : l'hybridité exaltée, l'Atlantique noir glorifiée. En 2011, cette jeune Londonienne d'origine jamaïcaine, voix de velours entre jazz et néo-soul, se révèle discrètement avec "Until Tomorrow". Trois ans après, elle fait son retour avec "If You Knew Her" qui lui vaut un Mobo Awards dans la catégorie jazz. Sur ce troisième album, elle met les pieds dans le plat. La production est signée par le batteur Moses Boyd, qui lui-même doit quelques-unes de ses influences aux Grandes Antilles. Ainsi, "Arise" fait la part belle aux origines caribéennes de la chanteuse (un autre originaire des West Indies est de la partie en la personne du fameux saxophoniste Shabaka Hutchings). Elle ne met plus du tout sa voix en avant, laissant de côté le jeu sur les timbres qui la caractérisait jusqu'alors. Sa signature est en Jamaïque, là où les basses sont de rigueur. Notons des morceaux comme "Fussin' and Fightin" ou "Freedom Chain", deux hymnes qui nous envoient d'emblée en soirée soundsystem. On a même droit à un Interlude "Riddim" et une reprise du tube de la chanteuse reggae jamaïcaine Nora Dean. Elle troque les préoccupations sentimentales pour des textes à la fibre identitaire, célébrant la négritude et le continent africain (Pride). Sans oublier la spiritualité du folklore jamaïcain à travers les rythmes africains du kumina. S'attendait-on à un tel virage de la part de Zara McFarlane ? Non, et c'est d'autant plus savoureux.