Benoît Séverac
Benoît Séverac est auteur de romans et de nouvelles en littérature noire et policière adulte et jeunesse. Originaire du Sud-Ouest, il vit à Toulouse qu’il utilise souvent comme toile de fond pour ses fictions.
Benoît Séverac est curieux et touche-à-tout. Il a été tour à tour guitariste-chanteur dans un groupe punk, comédien amateur, travailleur agricole saisonnier, gardien de brebis sur le Larzac, restaurateur de monuments funéraires, vendeur de produits régionaux de luxe et de chambres « meublées » pour gros clients japonais, professeur de judo, photographe dans l’armée de l’air, serveur dans un restaurant italien en Angleterre, dégustateur de vins, conseiller municipal, président d’association périscolaire, clarinettiste dans un big band de jazz puis co-fondateur d’une fanfare rock-latino-jazz… Il compte bien que la liste ne s’arrêtera pas là.
(photographie : © Christelle Camus-Bouclainville ; source texte : Benoît Séverac)
Bibliographie
- Le chien arabe. La Manufacture de livres, 2016
- Little sister. Syros, 2016
- On peut pas faire ça à Guy Novès. Court-circuit, 2016
- Le poulpe. Arrête tes six magrets. Baleine, 2015
- L'homme-qui-dessine. Syros, 2014
- Le garçon de l'intérieur. Syros, 2013
- Silence. Syros, 2011
- Rendez-vous au 10 avril. Éditions TME, 2009
- Les chevelues. Éditions TME, 2007
Le chien arabe
Premières lignes :
Toulouse est une fournaise en été. La ville entre en ébullition dans sa cuvette chauffée à blanc pendant la journée, sans aucun espoir d'apaisement la nuit venue. Comme si le soleil ne suffisait pas, le vent d'autan y va de son souffle chaud qui dessèche tout, les hommes aussi bien que les jardins.
Ce soir, il fait lourd mais le quartier des Izards doit rester calme : pas question de lancer les quads dans des runs sous les fenêtres des voisins qui ne trouvent ni le sommeil ni le courage de se plaindre. Il ne faut donner aucune raison aux patrouilles de police de s'attarder. Tout le monde doit se tenir à carreau, pas de provocation. La consigne vient de Noureddine Ben Arfa, sorte de caïd local qui tient une partie du quartier. On ignore l'identité du seigneur auquel il est lui-même assujetti : au mieux un gros importateur du Mirail.
Noureddine Ben Arfa attend une livraison, il faut donc que les rues soient dégagées, au moins jusqu'à trois heures du matin, horaire escompté d'arrivée de la BMW en provenance de Barcelone.
A l'heure dite, Samia Ben Arfa est réveillée par les allées et venues de Noureddine dans la pièce d'à côté. Elle ne se fait aucune illusion sur ce frère aîné issu d'un premier mariage de leur père, dont la mère est restée en Algérie. A vingt-trois ans, il est officiellement sans emploi et touche le RSA, ce qui ne l'empêche pas de rouler en BMW et de payer cash ce qu'il achète.
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