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Leonore
Edité par Distrart Musique - P 2021
1805. Beethoven osait confronter son art au théâtre lyrique, sa Leonore deviendra Fidelio. Au début des années 1970 la version originale de l'ouvrage reparue, ressuscitant le premier visage d'un ouvrage qui n'avait paru le 13 novembre 1805 que devant un parterre de soldats de l'armée française : Napoléon avait fait son entrée à Vienne, provoquant l'exil du public qui aurait du assister à la création d'un ouvrage où Beethoven osait se mesurer à la Leonore de Paer. La Radio de Vienne faisait office de pionnier en programmant en concert cette première version en trois actes, Carl Melles engageant un important travail avec les choeurs et l'orchestre auxquels il fallait désapprendre Fidelio. Le résultat est assez magnifique pour les atmosphères, et l'alliage plus subtil entre le léger et le tragique - Beethoven soigne particulièrement l' équilibre entre le couple ancillaire et celui des protagonistes "nobles" - ainsi que par une continuité dramatique moins brisée que celle de Fidelio donnerait déjà raison, en 1970, à ceux qui préfère aujourd'hui Leonore à Fidelio. D'autant que la distribution est spectaculaire, qui réunit des chanteurs déjà en titre des rôles à l'Opéra de Vienne pour la version finale de l'ouvrage. Gwyneth Jones est au zénith de sa voix et peut encore l'alléger pour vocaliser, car Beethoven écrit son rôle orné, en référence au bel canto d'un Cherubini ou d'un Paer. James King, somptueux de timbre, délivre son air de la prison avec autant de poésie que d'élan, les clefs de fa sont parfaites (le Pizzarro d'Adam !), et jusqu'au Jaquino de Werner Hollweg qui vocalise à la perfection font applaudir l'édition de cette soirée qui s'ajoute aux réussites discographiques signées par Herbert Blomstedt et John-Eliot Gardiner.