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Le joueur de flûte d'Hamelin
Edité par Thierry Magnier - 2006
Des rats, par milliers, envahissent un jour la ville d'Hamelin. Un étranger débarque qui prétend la débarasser de ce fléau contre 200 florins. Avec un simple air de flûte, il y parvient, mais ne récolte que moqueries. Quand il revient, c'est pour se venger...
Personne n'aurait jamais dû se souvenir de notre bonne ville d'Hamelin. Elle ne possédait rien d'exceptionnel, ni ancien trésor, ni héros des temps passés, ni œuvre d'art remarquable. Elle n'avait jamais souffert de la peste ou de la faim ; elle n'avait jamais soutenu le moindre siège, la moindre invasion, elle ne s'était jamais soulevée contre son suzerain. On y vivait bien... Trop bien peut-être. Nous avions oublié notre passé de paysans laborieux, de petits artisans ; nous marchions avec orgueil dans nos rues tranquilles et droites. Nos maisons sentaient bon le pain et les pâtés fins ; à travers nos fenêtres résonnaient sans cesse des rires et des chants. Nous portions sur nos ventres rebondis les tissus les plus riches, soies d'Orient, velours épais, lin et coton. Nous parlions fort, nous nous félicitions de notre bonne vie... Les voyageurs étaient peu appréciés chez nous et les étrangers aimablement repoussés aux frontières de la ville. Nous avions même eu cette excellente idée, en avance sur son temps : placer nos pauvres à l'extérieur de nos remparts. Dans leurs faubourgs, ils avaient construit tant bien que mal leurs abris avec le vieux bois et le mauvais argile que nous leur avions abandonnés. Nous restions entre nous... Et si un marchand, un architecte, cherchait une main-d’œuvre à bon marché, il n'avait qu'à se servir.