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The Mendelssohn legacy
Edité par Musicast - L'Autre Prod - P 2025
Premier volet d'une exploration du répertoire romantique allemand pour trio, ce double album du Trio Zadig aujourd'hui sous étiquette naïve offre un voyage exaltant entre ombres et lumière. Il regroupe les deux incontournables Trios pour violon, violoncelle et piano (Op. 49, Op. 66) de Felix Mendelssohn ainsi que l'Opus 11 de Fanny, cette soeur décidément géniale que le frère aimait si affectueusement ! Entre les six mains du Trio Zadig, l'oeuvre de la soeur, composée entre 1846 et 1847, quelques mois avant sa mort prématurée, éblouit par l'équilibre singulier de ses structures : l'Allegro molto vivace, notamment, est un bijou qui alterne les instants de discrète nostalgie et les élans dramatiques, entre tempêtes et interrogations. Comment ne pas être saisi aussi par la pastorale si fraîche de l'Andante espressivo ! Les trois protagonistes y déroulent un thème d'une tendresse majestueuse et aux légers souvenirs beethovéniens. Le Lied suivant rappellera que le foyer Mendelssohn était biberonné à la vitalité protestante de J. S. Bach. En réalité, une même sève créatrice coule dans les veines de la soeur et du frère. Ayant grandi dans un foyer où l'on apprenait la musique comme une seconde langue, Felix et Fanny furent l'un pour l'autre le premier auditoire, le premier critique, et un éternel confident. Les interprétations fébriles et pourtant réfléchies du Trio Zadig (Miclen LaiPang au violon, Marc Girard Garcia au violoncelle et Guillaume Vincent au piano) honorent en premier lieu ce terreau commun. Du célèbre Premier Trio de Felix, lui aussi en ré mineur, jaillissent en effet la même lumière intérieure, la même tranquille maîtrise, et le Second Trio, avec ses orages subtilement dosés et son ton doucement inquiet, rappelle celui contemporain de Fanny (1845). En hommage à l'atmosphère d'émulation réciproque qui devait régner au sein de la maison berlinoise des Mendelssohn, et qui leur rappelle leur propre vie de chambristes répétant, voyageant, et partageant presque tout ensemble, le Trio Zadig complète son programme par deux pages plus intimes de Felix, l'une extraite du second cahier des Lieder ohne Worte, adaptée pour leur formation par Cyrille Lehn, et le Notturno extrait du Midsummer Night's Dream dans une très rare transcription du XIXe siècle. Et surprise, plus délicieuse encore, le très émouvant Trio composé par Felix à l'âge de onze ans, un pastiche quasi haydnien, et toujours merveilleux !