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The Blues summit
Edité par Socadisc Europ' Distribution - P 2025
Au cours des 20 premières années de sa carrière discographique, Devon Allman a clairement démontré une chose : il ne s'arrête jamais. Artiste et interprète, il est constamment en mouvement, avide de repousser ses limites, toujours à la recherche de nouvelles sources d'inspiration et de nouveaux musiciens avec qui collaborer. Cette philosophie le pousse à créer et à aller de l'avant sans cesse. C'est pourquoi sa discographie, bien qu'elle comprenne plusieurs albums solo, comprend également des sorties avec Honeytribe (avec qui il a débuté en 2006), le supergroupe de rock sudiste Royal Southern Brotherhood, ainsi qu'avec l'Allman Betts Band. Un CV en constante évolution, mais déjà à la hauteur de l'héritage musical que lui a légué son défunt père, Gregg Allman, du légendaire Allman Brothers Band. Son nouveau projet, The Devon Allman Blues summit, est un rassemblement exceptionnel de légendes du blues qui promet d'électriser la scène. Une fois de plus, il s'agit d'un travail résolument collaboratif qui voit le groupe principal d'Allman s'enrichir de musiciens de renom comme Christone "Kingfish" Ingram, Larry McCray, Sierra Green, Jimmy Hall et Robert Randolph. Mais cette fois, Allman fait preuve d'une volonté déconcertante de partager la vedette. Il ne se contente pas de mettre ses invités en avant lors de cette session. Sur environ la moitié des dix titres de l'album, il les laisse occuper le devant de la scène. Et comme la plupart de ses invités sont de grands noms du blues, on se retrouve avec l'un des albums les plus bluesy de la carrière d'Allman. Comme son titre l'indique : un sommet du blues. L'une des stars de ce rassemblement musical est Jimmy Hall, que certains connaissent peut-être comme chanteur et harmoniciste du groupe de rock sudiste Wet Willie ou pour ses collaborations avec Jeff Beck. Hall appose sa marque sur le disque presque immédiatement, chantant et déchaînant son thème principal, "Blues is a feelin'". Ce morceau est une célébration imposante, musclée et rythmiquement entraînante, interprétée par huit musiciens partageant une passion évidente pour le blues. Hall reprend le chant sur "Peace to the world", teinté de gospel (avec Robert Randolph qui y ajoute sa guitare pedal steel emblématique) et sur une version libre et entraînante, où les battements de mains et de pieds sont au rendez-vous, du CD de Willie Dixon, le classique "Wang dang doodle". Sur "Hands and knees", Larry McCray, originaire de l'Arkansas, prend la relève au micro et à la guitare solo, ses riffs carillonnants et sa sonorité douce témoignant d'une dette évidente envers B.B. King. "Getting' greasy with it" est une autre composition de McCray bien servie par Allman et ses acolytes. Cette quasi-instrumentale funky est agrémentée de cuivres et porte l'empreinte de Memphis - sans surprise puisqu'elle met en vedette les célèbres Memphis Horns, invités sur trois titres au total. Bien que The blues summit ait été enregistré au Sawhorse Studio de Saint-Louis, on y retrouve souvent des échos de Memphis, comme en témoigne "Real love" ; cette ballade soul lente et sensuelle écrite par Allman met en vedette la chanteuse de la Nouvelle-Orléans Sierra Green au chant. Parmi les autres chansons d'Allman, on peut citer "After you , le morceau d'ouverture de l'album "Runners in the night" (avec Christone "Kingfish" Ingram à la guitare solo) et le morceau final "Midnight lake erie", un instrumental mélancolique qui accompagne "Midnight lake Michigan" de son album Ragged & dirty de 2014. Pourtant, plus que tout autre morceau de The blues summit, c'est une reprise qui démontre à quel point Allman est toujours tourné vers l'avenir plutôt que vers le passé. "Little wing" de Jimi Hendrix a déjà été explosé. Cependant, en prenant des libertés avec la structure familière du morceau et en ajoutant d'épaisses couches de guitare rythmique là où on ne s'y attend pas (un clin d'oeil au guitariste et coproducteur Jackson Stokes est de mise), Allman insuffle un nouveau souffle au morceau et le rend étonnamment sien. Devon Allman sait qu'il est le porte-étendard de la nouvelle génération musicale d'Allman. Tous ceux qui l'ont vu en concert ces dernières années se souviendront que ses sets incluent souvent des classiques des Allman Brothers. Une fois de plus, avec The blues summit, il prouve qu'il est un homme à part entière, un joueur d'équipe capable de réunir des talents divers pour créer un beau bruit bluesy.