Duende

Gheorghiu, Teo (1992-....)

Granados, Enrique (1867-1916) | Albéniz, Isaac (1860-1909) | Debussy, Claude (1862-1918) | Ravel, Maurice (1875-1937) | Falla, Manuel de (1876-1946)

Edité par Distrart Musique - P 2020

Duende, vraiment ? Le ton de grande improvisation que Teo Gheorghiu donne à "Quejas a La Maya y el Ruisenor", avec ses ornements beaux comme des arabesques, rappelle que Granados fut un improvisateur qui laissait couler de sa plume des musiques pour ensuite les calligraphier au concert, ajoutant tout ce que l'humeur du moment lui suggérait. La "Suite Espagnole" d'Albéniz n'aborde jamais Grenade, mais il faut entendre comment le jeune pianiste la joue dans un clavier débordant de couleurs, en sonorités amples, avec du velours dans les doigts : sa Saeta, élégante et un peu nostalgique est une pure merveille, sa Sevillane racée, qui chante autant qu'elle danse, avec un alentissement fabuleux dans son centre, ne pâlirait pas face à celle d'Alicia de Laroccha ! Au centre de la Suite, il intègre les trois Préludes où Debussy peint son Espagne de fantaisie justement apprise chez Albéniz, jolie idée, mais joués peut être trop plein de son, comme avec un souvenir de Claudio Arrau, et aussi "l'Alborada del Gracioso" où cette fois, sous ses doigts, Ravel aura croqué un méchant, ironique, et qui prends le temps de dire sa sérénade grotesque : je ne l'avais jamais entendue ainsi. Puis retour aux instantanés d'Albéniz : la formule obsessive de "Leyenda" est hypnotique, prise dans un tempo insoutenable qui provoque une tension que peu y auront mise, avant que la "Fantasia", jouée très Chabrier ne fasse revenir la lumière, prodigieusement détaillée, en couleurs, en rythmes, en accents, conduisant à une "Seguedillas" pleine de guitares et de castagnettes. Les accords en vitrail du "Capricho", son chant beau comme un air d'opéra, conduisent soudain ailleurs, dans ce piano doré, si plein, si sonore, si profond. Magnifique pianiste dont je crois me souvenir d'un premier disque chez Sony où des Impromptus de Schubert m'avaient surpris en bien. L'album se clôt sur la "Danse rituelle du feu", on voit le cercle du guitariste, Candelas dansant dans la lueur du feu, Teo Gheorghiu évoquant l'invocation, jouant de son clavier pour faire voir les ombres et les lumières. Le Duende promis parait enfin. Fascinant, à l'image de ce disque qui révèle un tout grand pianiste.

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