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Le rivage des Syrtes
Edité par Imprimerie nationale - 1951
Le jeune officier Aldo (narrateur et personnage principal du roman), un jeune homme dysphorique issu d’une noble et ancienne famille, a été détaché par la Seigneurie d’Orsenna pour surveiller la flottille du capitaine Marino (deux pauvres bateaux), stationnée sur la mer des Syrtes; une mer étrange bordée de lagunes désolées face à l’obscur Farghestan, ennemi héréditaire depuis trois cents ans. Entre les deux pays subsiste depuis longtemps un état permanent de guerre; mais, de part et d’autre, on s’est lassé du combat, la guerre s’est sclérosée et le temps semble arrêté sur ce paysage désolé de marais, de plages et de ruines séculaires. Une affectation lointaine d’« observateur » au cœur d’une forteresse ruineuse, une vie retranchée, une attente sans fin, le silence, l’ennui, le besoin d’aventure et l’apparition dans un jardin d’une jeune fille, Vanessa Aldobrandi, poussent, un jour, Aldo, à l'action. À bord du « Redoutable », il reconnaîtra la côte ennemie, franchira la passe, mais son imprudente initiative entraînera le réveil des hostilités. On ne verra pas la guerre, l’armée n’aura pas encore franchi la frontière, l’ennemi est invisible, mais la certitude sera là, et avec elle planera l’approche de la mort dans la touffeur de l’atmosphère angoissante.Le Rivage des Syrtes fut considéré à sa parution comme un « roman surréaliste » en ce que ses thèmes les plus manifestes : l’attente, l’angoisse, la promesse de l’inconnu, deux ennemis imaginaires et héréditaires et le décor mystérieux et flou dont les descriptions du paysage constituent la matière même de l’intrigue, paraissaient éminemment surréalistes. À sa parution, le troisième roman de Julien Gracq fut considéré comme son œuvre maîtresse ; il suscita un mouvement de curiosité étendu ainsi que l’adhésion unanime de la critique.