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Capitalisme et schizophrénie. 1, l'anti-oedipe
Edité par Minuit - 1992
Tous ceux qui ont été les contemporains de la sortie de L’Anti-Œdipe en 1972 aux Éditions de Minuit s’en souviennent : ce fut un événement. L’un des événements intellectuels et éditoriaux les plus considérables des années 1970. Au point qu’on a pu dire, non sans exagération sans doute, mais cette exagération était portée par l’enthousiasme, qu’il y avait un « avant » et un « après » L’Anti-Œdipe. C’est-à-dire qu’il y avait un avant et un après dans l’histoire de la philosophie. D’abord parce que, pour la première fois à ce point, la philosophie a intégré à ses moyens les moyens de la psychanalyse (à moins que ces derniers n’aient fait imploser les premiers) ; ensuite parce qu’on n’avait pas connu jusque-là livre plus libre, plus gai, plus juvénile, plus irrévérencieux. C’est la marque distinctive de Mai 68, sans doute, que cette liberté, cette gaieté, cette juvénilité, cette irrévérence. Et c’est ce qui a permis qu’on dise, avec raison, que ce livre était le fruit de 1968 et, entre tous, l’un des plus beaux. Des plus beaux et des plus vénéneux : L’Anti-Œdipe constituait une machine de guerre contre le vieux monde dont 1968 n’était pas venu à bout, et pour l’achever. Machine, machinerie sont des mots qui reviennent d’ailleurs souvent dans le livre. Et que celui-ci justifie pleinement, sans doute : c’est un précis technique et savant, une formidable boîte à outils de la subversion dans laquelle puisent tous ceux qu’une aussi grande efficacité théorique et politique attire irrésistiblement.