Elisa Vix
Elisa Vix est tombée dans l'écriture par amour de la lecture, et aussi un peu par défi. En 2000, lorsqu'elle ouvre sa clinique vétérinaire, le temps est long en attendant les patients à quatre pattes, alors, pour tromper l'ennui, elle décide d'écrire un roman. Elle choisit le genre policier, par goût du mystère et de l'enquête. Verra ainsi le jour le lieutenant Sauvage, policier cinéphile politiquement incorrect, héros de ses trois premiers livres et porté au petit écran. Avec La nuit de l'accident, polar plus noir pour lequel elle a fait appel à ses souvenirs d'enfance dans le Cantal, elle rejoint les éditions du Rouergue. Elisa Vix a 46 ans, elle vit en région parisienne avec son mari et ses 3 enfants. Parallèlement à son activité d'écriture, elle exerce la médecine vétérinaire auprès des chats, chiens, et abeilles.
(photographie : © Patrice Normand/Opale/Leemage/Éditions Le Rouergue ; source texte : Elisa Vix)
Bibliographie
- Ubac. Le Rouergue, 2016
- Mouche et le manicou. Oskar éditeur, 2015
- Trafic à la clinique. Oskar éditeur, 2015
- Une enquête de Thierry Sauvage. Le massacre des faux-bourdons. Le Rouergue, 2015
- L'hexamètre de Quintilien. Le Rouergue, 2014
- Rosa mortalis : une enquête de Thierry Sauvage. Le Rouergue, 2013
- Superfuret. Le Rouergue, 2012
- La nuit de l'accident. Le Rouergue, 2012
- Andromicmac. Nouvelles éditions Krakoen, 2010
- Bad dog. Odin, 2006
- La baba-yaga. Odin, 2005
Ubac
Premières lignes :
Dans un long crissement, les wagons s'étaient immobilisés en gare de Modane. La ville, enchâssée dans ses montagnes sombre, ployait sous un ciel blanc et aveugle. Le quai humide, brillant comme un miroir, semblait s'élancer vers une hypothétique sortie, mais stoppait brutalement, quelques mètres plus loin dans le ballast rouge foncé.
Nadia descendit du train, comme une reine et marcha vers moi sans me voir. Vêtue d'un noir de grand deuil, elle foulait le sol glissant d'un pas altier, ouvrant devant elle le flot épars des voyageurs.
Bien que la découvrant pour la première fois, je la reconnus. À cause de la ressemblance. Je l'appelai. Elle s'arrêta et tourna vers moi un regard de lave froide qui sembla suspendre le temps.
Les autres passagers avaient gagné la sortie. Couverte d'un blouson de cuir râpé, Nadia se tenait seule sur le quai, figée comme une statue et curieusement insensible au froid. Sous les serpents de sa chevelure de jais ondulant sur ses épaules, ses traits affichaient la beauté dure du diamant.
Pendant de longues secondes, nous nous dévisageâmes dans un silence hypnotique.
Le fracas d'essieux du train s'ébranlant brisa le sortilège.
Et c'est ainsi, des mois après le drame que je me souviendrai de Nadia.
Dans la gare déserte, belle et seule à se damner.
Cet hiver maudit où les loups repeuplèrent la vallée.
[...]